L’année 2025 représente un tournant dans les relations entre la France et l’Afrique francophone. Confrontée à une remise en cause croissante de son influence sur le continent, la France s’efforce de redéfinir sa stratégie diplomatique en misant sur des partenariats plus équilibrés, respectueux de la souveraineté des États africains. Ce changement de paradigme survient alors que les sentiments anti-français s’accentuent et que de nouvelles puissances, comme la Chine, la Russie ou la Turquie, s’affirment comme des alternatives crédibles pour les pays africains.
Des partenariats repensés pour une coopération renouvelée
Dans un souci d’adaptation, le gouvernement français a multiplié les initiatives en faveur d’une relation franco-africaine modernisée. Le forum “Ancrages”, organisé à Marseille en avril 2025, a rassemblé les diasporas africaines autour de l’entrepreneuriat et des opportunités économiques bilatérales. De son côté, un dialogue stratégique inédit avec l’Union africaine a été lancé fin 2024, axé sur les priorités communes : sécurité régionale, transition énergétique, climat, et développement durable. Par ailleurs, la diplomatie française affirme désormais vouloir rompre avec les pratiques héritées de la “Françafrique”, au profit d’un discours fondé sur la transparence, la réciprocité et le respect mutuel.
« L’Afrique ne veut plus d’aides conditionnées, mais des partenariats d’égal à égal. » — Françoise Dumas, présidente de la commission des Affaires étrangères

Méfiance persistante et tensions diplomatiques
Cependant, malgré ces efforts de réorientation, la défiance envers la France demeure forte dans plusieurs capitales africaines. Le Tchad a demandé le retrait de ses troupes françaises, rejoignant une dynamique amorcée au Mali, au Burkina Faso et au Niger. Cette rupture de coopération militaire traduit un rejet de la présence sécuritaire française perçue comme intrusive. Par ailleurs, certaines déclarations controversées d’Emmanuel Macron, comme ses critiques sur l’”ingratitude” de certains dirigeants africains, ont alimenté les tensions diplomatiques, notamment au Sénégal, où la société civile a vivement réagi. La perception d’un paternalisme persistant reste un obstacle majeur au renouveau voulu par Paris.
« La France doit entendre que les peuples africains exigent désormais d’être respectés comme partenaires, non comme assistés. » — Alioune Badara, politologue sénégalais
Une nouvelle ère pour les relations France–Afrique ?
La France s’efforce aujourd’hui de bâtir une politique africaine plus en phase avec les aspirations de souveraineté, de diversification des partenariats et de valorisation des savoirs locaux exprimées par les pays africains. L’objectif est clair : abandonner les logiques néocoloniales au profit d’un dialogue égalitaire. Paris mise désormais sur des instruments concrets : coopération universitaire, soutien aux start-ups africaines, investissements verts et renforcement des échanges culturels. Toutefois, cette mutation nécessitera du temps, de la constance et un changement de perception réciproque, tant à Paris qu’à Dakar, Abidjan ou Bamako.
« La jeunesse africaine ne veut plus de discours : elle attend des actes, des projets et des résultats. » — Fatou Bensouda, ancienne procureure de la CPI

En résumé : une transition diplomatique délicate mais inévitable
L’année 2025 marque une phase de transition diplomatique cruciale dans les relations franco-africaines. Entre volonté de renouvellement et résistances persistantes, la France tente de se repositionner dans un paysage africain en pleine recomposition, marqué par l’émergence de nouvelles puissances d’influence et par une volonté accrue des nations africaines de définir elles-mêmes leur avenir. Le succès de cette stratégie dépendra de la capacité de Paris à écouter, respecter et co-construire des relations qui ne soient plus asymétriques mais vraiment partenariales.